• « Alice »

    Alice était une jeune fille normale, comme les autres. Elle vivait en Angleterre, à Londres. Ville natale de son père.  Elle avait perdu sa mère très jeune, à l’âge de cinq ans, dans un banal accident de la route. La jeune femme, alors âgée de vingt-trois ans, avait sauté sur la route afin de sauvée sa fille ayant traversée la rue pour reprendre son ballon. L’innocente jeune fille qu’était Alice disparu en partie ce jour là, lorsque sa mère mourut devant ses yeux. Son père, complètement désorienté par la mort de sa femme, décida de surprotéger son unique progéniture. Elle ne devait vivre que pour ses études, ne devait pas avoir d’amis et ne devait surtout pas connaître l’amour. De cinq à quinze ans, elle fut envoyée dans une école spécialisée pour les jeunes londoniennes de la haute société. La haute société, elle n’en faisait pas partie. Il était donc particulièrement difficile pour son père de payer les frais d’inscriptions. Mais Alice était bonne élève, elle obtint facilement une bourse d’étude. Plus que tout, la jeune blonde détestait le contact avec les jeunes filles. Ces demoiselles, élevées dans un autre milieu, étaient bien plus… particulières que ne l’aurait imaginée Alice. Elle n’arrivait pas à s’entendre avec elles. C’était impossible. Irréaliste. Elle vécue ainsi jusqu’un peu avant ses quinze ans.

    Un matin de début de printemps, son père, Gille, reçu une lettre en provenance du Japon. La sœur aînée de la défunte mère de la jeune blonde les invitait à venir vivre dans la demeure familiale à Aomori, dans le nord du pays. Avant qu’elle n’ait dit quoi que ce soit, Gille sauta sur le téléphone et appela le Japon. Sans hésiter, il accepta. Alice n’était pas dupe. Elle savait ce qu’il se passait réellement. Elle avait autrefois surprit une conversation entre son père et sa tante. Celle-ci le draguait ouvertement depuis la mort de sa mère et cela semblait déplaire à la jeune demoiselle qui, malgré elle, était détestée de l’aînée de ses tantes. Cette dernière tenait sa nièce pour responsable de la mort de sa mère. Elle la détestait ouvertement. Mais cela ne semblait pas déranger son père, qui ne se gênait pas pour répondre aux avances de cette femme à l’esprit farfelu. Une fois son père couché, Alice avait lu la lettre envoyée par sa tante. Si elle l’invitait à rejoindre le Japon, ce n’était surement pas pour rien. Elle découvrit en effet, que la raison qui les motivait autant, était le mariage prévu entre Rina et Gille.

    C’est sans dégoût qu’elle quitta l’Angleterre. La demeure familiale était immense. Une sorte de villa. Un ancien château d’un petit seigneur. Alice se disait que là dedans, sa tante lui ficherait la paix. Elle se trompa. Ce fut pire que tout. Rina ne lui lâchait pas les baskets. Elle ne supportait pas ses cousines et vivait dans la plus petite des chambres de la maison, située dans un coin isolée. La petite blonde mit un certain temps à trouver une cachette. Il n’y eut en effet que dans la cuisine que sa tante ne la chercha point. Celle-ci était bien trop joliment vêtue pour se rendre dans les cuisines. Là-bas, elle vivait une vie normale d’adolescente qui aidait dans les cuisines d’une villa. C’était son refuge.

    Le soir de la cérémonie du mariage, elle sortit prendre l’air sur les toits. Rina était trop occupée pour lui courir après. Là-haut, il y avait quelqu’un. Un jeune garçon, d’à peu près son âge. Il semblait seul, isolé, et peu bavard. Alice était de nature timide. Mais ce jeune homme qu’elle n’avait jamais vu ici l’intriguait. Elle s’approcha. Il la regarda. Ils échangèrent un regard. Et se fut tout. Le soir, dans son lit, elle continua à se demander de qui il s’agissait, mais n’en trouva hélas, pas la réponse.

    Quelques jours à peine plus tard, une course poursuite fut lancée. Rina et ses deux filles courraient derrière Alice qu’elles avaient surprise à traînée près des toits. Alice ouvrit un placard et y entra. A la lueur du téléphone portable, elle se rendit compte qu’elle n’était pas seule dans ce petit placard et que ce qu’elle croyait être un balai et contre quoi elle était colée n’était autre que le garçon du soir du mariage. Elle rougit et tourna le regard afin de ne pas croiser le sien. Elle s’excusa.

    « Ce n’est pas grave… Toi aussi elles te courent après ? »

    « Ouais… Je n’sais même pas pourquoi. Tu… ? »

    « Rina voulait me marier à une de ses filles. Elle m’a fait poursuivre par un garde quand j’ai refusé. » 

    « Ma tante est une étrange créature. Pardonne-moi encore une fois de… Enfin… »

    « T’en fais pas je te dis. »

     

    Il l’embrassa sur le front, pour lui montrer qu’il ne lui en voulait nullement. La situation était quelques peu étranges. Alice ne put retenir un rougissement. Elle était collée à lui depuis quelques temps maintenant. Il ne faisait pas froid, et être ainsi contre lui la faisait bouillit. Elle ferma ses yeux et se mit à somnoler jusqu’à s’endormir finalement.

    Se fut le vibreur du téléphone qui lui fit ouvrir les yeux. En ouvrant le clapet, elle découvrit qu’elle avait eut quelques dix-huit appels en absences, une dizaine de messages et surtout, qu’elle était toujours dans les bras de ce garçon. Elle se redressa, découvrant qu’ils étaient toujours dans le placard, assis par terre. Sans doute avait-il glissé après qu’elle se soit endormie. Lui aussi, il dormait. Paisiblement. En voyant son visage calme, le rouge lui monta aux joues. Elle appuya d’ailleurs sur l’une des joues du jeune homme qui tourna machinalement la tête. Sa réaction amusa la demoiselle, qui malgré sa timidité, profita du sommeil du jeune garçon pour déposer un baiser sur sa joue.

    Quelques temps passèrent. Une réception fut organisée au château. C’était l’anniversaire d’une des filles de Rina. Durant la soirée, le salon c’était transformé en salle de réception pour les riches bourgeois de la région. Les cocktails coulaient à flot dans les verres, même ceux des plus jeunes. Alice était dans un coin de la salle, perdue dans ses pensées. Elle n’avait pas revu ce garçon depuis le fameux épisode du placard. D’ailleurs, elle l’avait laissé dans le placard cette fois là, partie avant qu’il n’ouvre les yeux. Elle se sentait honteuse de l’avoir laissé ainsi, mais ne savais pas comment réagir à son réveil. Elle n’avait jamais fréquenté de garçon après tout. Dans la soirée, quelqu’un lui apporta un verre. C’était lui, il était là. Alice baissa la tête en le voyant et s’empressa de s’excuser. Il lui souriait comme un enfant sourit lorsqu’on lui apporte un bonbon. Elle se sentait honteuse. Il le remarqua. Plus tard, dans la soirée, il prit sa main et la mena au dehors, sur le toit de leur rencontre.

    A l’abri des regards indiscrets. En bas, personne ne remarquerait leur disparition. Ils parlèrent longuement. Alice lui parla de sa mère. C’était la première fois qu’elle en parlait à quelqu’un. Il lui parla de sa passion pour la batterie, qu’il n’avait hélas pas l’autorisation de pratiquer dans cette demeure. La nuit était tombée depuis un long moment déjà. Il voulu la raccompagner jusqu’à sa chambre, mais la sienne était plus près. Ils parlèrent encore sur le pas de la porte. Puis, il l’invita à entrer quelques minutes. Le temps qu’il aille chercher un verre d’eau à la salle de bain, elle s’était endormie, assise au sol. Il souriait. Il l’a pris dans ses bras et la posa sur son lit. Il s’installa a ses côtés et s’endormi à son tour. Lorsqu’Alice ouvrit les yeux, il dormait paisiblement. Elle en profita. Et déposa un doux baiser sur ses lèvres.

    De plus en plus, ces évènements se reproduisaient. Un jour, alors que comme chaque matin elle déposait un baiser sur ses lèvres, elle fut surprise de voir le jeune homme ouvrir les yeux. Il ne semblait pas plus choqué que cela. Et répondit même au baiser. Elle comprit plus tard que chaque matin, il était éveillé lorsqu’elle l’embrassait. Un soir de grande fête, Alice avait un peu trop bu. Elle était rouge, ne tenait pas sur ses jambes et disait ce qu’elle avait à dire. Elle lançait des regards provoquant jusqu’à lui. Il y répondait bien évidemment. Minuit n’avait pas encore sonné qu’ils étaient déjà dans la chambre de la demoiselle. Il l’embrassa. Elle répondit. Elle déboutonna sa chemise. Il l’entraina sur son lit, commençant à déboutonner la sienne. Un baiser de plus. Un baiser fougueux. Interrompu par l’arrivée de Gille, Rina et ses filles. L’une d’elle les avait vus. Elle avait été racontée à sa mère. Ils étaient intervenus. Gille, aveuglé par son mariage, écouta les conseils de Rina. Il jeta Alice à la rue. Le jeune homme était en réalité un de ses cousins par alliances. Il fut mis à la porte aussi. Il parti avec Alice. Ils vécurent ensemble jusqu’à la fin de leurs jours.

     

     

    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique